Source : France info

Faute d’outils juridiques et de moyens de contrôle, imposer le télétravail dans les entreprises pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 est difficile. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Dans sa conférence de presse, jeudi soir, Jean Castex a réaffirmé que le télétravail était « impératif quand c’est possible », afin d’endiguer l’épidémie de coronavirus. Mais pourquoi le Premier ministre ne rend-t-il pas ce mode de travail tout simplement obligatoire ? La question s’est posée, mais patronat comme syndicats ont mis leur veto.

Du côté des employeurs, ce n’est pas vraiment une surprise, le télétravail n’est pas dans la culture française. La plupart des patrons préfèrent quand leurs salariés sont près d’eux, au bureau. Plus étonnante, en revanche, la forte pression des salariés. Ils aiment bien exercer leur activité à domicile mais seulement quelques jours par semaine, pas plus. Sans quoi, la solitude pèse, et le manque des collègues se fait ressentir.

Dès cet automne, ils étaient nombreux à demander à leur employeur des dérogations pour revenir un peu sur site. C’est pour cela qu’en janvier, le gouvernement a autorisé des retours dans les entreprises, a raison d’une journée par semaine. Et c’est aussi pour tenir compte de cette détresse psychologique, que l’exécutif n’a pas remis en cause cette possibilité. Cela doit rester « une soupape en cas de nécessité », a affirmé Elisabeth Borne, la ministre du Travail. Mais pas question d’aller plus loin.

De contrôles difficiles à mener

Comment s’attendre à des améliorations sur le plan sanitaire ? Toute la difficulté est de faire respecter une obligation qui ne figure pas dans le Code du travail. Certes, il y aura des contrôles, a prévenu Elisabeth Borne, mais en matière de télétravail, l’arsenal juridique est très faible, et les amendes risquent donc d’être facilement opposables. Sans compter que les moyens de l’Etat sont limités : il y a à peine 2 000 inspecteurs du travail en France.  

La ministre a toutefois pointé du doigt quelques mauvais élèves : la banque, l’assurance, les services immobiliers, juridiques, l’informatique et la communicationCes secteurs sont clairement dans l’œil du cyclone. C’est le cas globalement des grands groupes, qui risquent d’être nettement plus contrôlés que les TPE.

Cette fois encore, le gouvernement préfère jouer la carte du dialogue social, puisqu’il demande que patrons et délégués du personnel se concertent rapidement pour que faire progresser le télétravail. Une façon de ne pas trop heurter les entreprises qui se battent pour sauver leur activité et d’éviter aussi de provoquer les syndicats.