Le débat sur les systèmes de pointage refait surface après une décision de la cour de Justice de l’Union européenne le 14 mai dernier qui indique que les entreprises européennes doivent installer un système pour obliger leurs employés à pointer au travail. Kammi fait le point.



Les interrogations des employeurs sur le sujet de la gestion du temps de travail ne datent pas d’hier. D’un point de vue purement légal, il revient effectivement à la charge de l’employeur de connaître et justifier des horaires de travail pratiqués par ses collaborateurs. Dans ce cadre, l’utilisation de badgeuses visant à enregistrer les entrées et sorties de l’ensemble des salariés est parfois utilisée dans les entreprises.
Depuis le mois de mai 2019, le débat sur le pointage des salariés refait surface en Europe et plus particulièrement chez nos voisins allemands et espagnols. La réapparition soudaine de cette discussion est intervenue après que la cour de justice de l’Union Européenne ait indiqué que toutes les entreprises européennes avaient désormais pour obligation d’installer des systèmes de pointage sur le lieu de travail de leurs salariés.
En 2019, quel regard porter à cet outil de gestion du temps de travail ne datant pourtant pas d’hier ?
Kammi fait le point avec vous…

Quelles dérives en l’absence de pointeuse ?

Depuis le 12 mars 2019, en Espagne, un décret-loi oblige les salariés de toutes entreprises à notifier leurs horaires d’entrée et de sortie sur leur lieu de travail.

La raison de ces mesures drastiques ? C’est bien simple, en l’absence de tout contrôle, les heures supplémentaires effectuées par les salariés n’ont plus de limite. Et si les employeurs ne sont pas vigilants, certains salariés trop impliqués vont parfois jusqu’à mettre leur santé en péril pour prouver leur implication. Le résultat de ce constat est déplorable ; on l’a bien vu ces dernières années, les collaborateurs victimes de burn-out et d’épuisement professionnel ne cessent d’augmenter.

La raison de ces mesures drastiques ? C’est bien simple, en l’absence de tout contrôle, les heures supplémentaires effectuées par les salariés n’ont plus de limite. Et si les employeurs ne sont pas vigilants, certains salariés trop impliqués vont parfois jusqu’à mettre leur santé en péril pour prouver leur implication. Le résultat de ce constat est déplorable ; on l’a bien vu ces dernières années, les collaborateurs victimes de burn-out et d’épuisement professionnel ne cessent d’augmenter.

Bien qu’elle soit largement critiquée, il n’en reste pas moins que la pointeuse demeure un outil particulièrement fiable et efficace pour pallier les risques de pratiques abusives d’employeurs trop peu soucieux des conditions de travail de leurs collaborateurs. Le risque n’étant pour autant pas totalement évincé, il est au moins mesurable lorsque cela s’avère nécessaire.

De la même manière, en l’absence de vérification par pointeuse, certains salariés se sont vu diminuer sans scrupule leurs horaires de travail journalier obligatoire… Quelle audace !

L’heure n’étant pas au présentéisme mais bien à la mesure de la productivité des collaborateurs, il n’en reste pas moins qu’un respect minimum des horaires de travail imposés par la loi doit être respecté par tous dans un souci d’équité !

Pointeuse, les dérives d’une pratique jugée contrôlante

Il semblerait, oui… Puisque pour bon nombre de collaborateurs, la pointeuse serait vue comme un outil de contrôle visant uniquement à surveiller les salariés dans la réalisation effective de leurs horaires de travail. Ainsi, elle révélerait un manque de confiance des employeurs envers leurs collaborateurs et non un levier visant à limiter les dérives parfois extrêmes des employeurs comme des salariés.

Autre dérive reconnue à cet outil : les fraudes. Car oui, il a bel et bien été prouvé que des salariés joueurs ont trouvé des systèmes pour déjouer leurs terminaux de pointage !

Dans un article de l’express, on apprend que pas moins de 33% de salariés français reconnaissent avoir effectivement « déjà fraudé lors de l’utilisation d’un terminal de pointage ».

Un chiffre qui fait perdre tout son sens à l’utilisation de cet outil de vérification…

Notons néanmoins que l’utilisation d’une pointeuse, lorsqu’elle est faite avec respect, est un outil fiable qui aura également pour vocation de faciliter le travail des RH. En effet, les badgeuses présentent l’avantage de faciliter significativement la gestion des heures supplémentaires et de réduire les tâches administratives particulièrement chronophages.

La mise en place de terminaux de pointage devrait également améliorer les conditions de vie des travailleurs dans la mesure où elle offre à l’employeur un regard sur l’activité de ses salariés. Ainsi, à l’apparition d’un collaborateur en situation de surmenage, l’employeur aura à disposition les moyens et preuves nécessaires pour lui mettre le « ola ». Ainsi, il saura préserver sa santé et son équilibre dans la mesure du possible.

Soulignons qu’il s’agit par ailleurs d’un excellent outil de calcul de la productivité des travailleurs.

Enfin, en cas de litige à la suite d’un burn-out ou face au non-paiement des heures supplémentaires, la badgeuse constitue un élément de preuve indiscutable devant un conseil des prud’hommes. En levant les doutes sur des situations suspicieuses et en écartant les risques de favoritisme, la pointeuse limite les litiges prudhommaux liés aux problématiques de temps de travail.

Et dans tout ça, où se situe la France ?

La législation française a devancé les exigences de la cour de justice de l’Union Européenne en imposant aux employeurs de justifier des horaires de travail pratiqués par leurs collaborateurs.

Néanmoins, dans les faits, la mise en pratique de cette règle de droit n’est pas pratiquée dans toutes les structures, loin de là.

Il semble que cette décision de la cour de justice de l’Union Européenne soit alors une bonne piqûre de rappel pour tous nos employeurs français !

Il en va de même pour le droit à la déconnexion qui oblige les entreprises de plus de 50 salariés à mettre en place des bonnes pratiques pour s’assurer que leurs salariés ne travaillent pas en permanence et disposent de vrais moments de coupures. La législation est bien présente, mais dans la pratique, cette règle de droit n’est pas toujours respectée, notamment pour les cadres ou autres postes à fortes responsabilités qui exigent parfois une présence mentale quasi permanente.

En définitive, la pointeuse est outil efficace et aidant pour les employeurs s’il n’est pas utilisé pour « fliquer » les salariés.

L’utilisation de pointeuses ne doit pour autant pas être un frein à la souplesse des horaires de travail en fonction des pics d’activité. Elle doit s’inscrire dans un contexte d’entreprise flexible et agile qui laisse sa place à de possibles variations dans les horaires de travail des collaborateurs.
Dans ce cadre, l’annualisation du temps de travail doit permettre aux employeurs de retrouver un équilibre global.

Source :
https://kammi.fr/pointer-au-travail-surcontrole-des-employeurs-ou-mal-necessaire/